Chronométrie, l’humaine touche finale
Par Joël A. Grandjean / TàG Press +41
Pour Heure Suisse & Heure Schweiz N°112
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Jean-Daniel Dubois, Présient de la SSC jusqu'à fin 2011, reprend dès 2012 la Présidence du Concours de Chronométrie
Sacrée cuisine. Il ne suffit pas disposer d’ingrédients de première qualité dans une cuisine des plus high tech, encore faut-il que ceux-ci soient manipulés avec talent. Tout est dosage, finesse et subtilité, bref personnalité d’un Chef. Il en va de même avec la chronométrie, expression de la précision horlogère suprême. Tout est dans le réglage, un métier qui représente le Graal pour le maître horloger. Comme en formule 1, on peut disposer du meilleur moteur, ou d’un moteur de série plus que correct, du meilleur pilote, des meilleures conditions atmosphériques et savoir que tout se joue dans la préparation. Heureusement, ces métiers-là, insuffisamment valorisés au regard des attentions réservées aux marques, sont foncièrement humains, imperméables à toute automation. Ils le resteront vraisemblablement. L’IFAGE, Institut de Formation pour Adultes à Genève, les appelle les métiers éternels, y ajoutant ceux des arts du polissage. Ils sont conjonctions de savoir multiples, d’expériences indicibles et de perceptions sensorielles. Oui, même l’ouïe est mise à contribution… A quoi peut donc bien servir au 21e siècle un concours de chronométrie, expression revisitée des célèbres joutes d’antan, à l’heure où les horloges atomiques repoussent les limites de la mesure du temps au milliardième de seconde? C’est que notre horlogerie reste mécanique, fût-elle issue des machines les plus avant-gardistes. «Les objectifs du concours visent à redonner à la précision la place qu’elle mérite en regard des autres critères d’achat d’une montre tels que le design ou les complications. Ainsi le classement est basé uniquement sur des mesures objectives à l’exclusion de tout critère subjectif», rappelle Claude-Henri Chabloz, Président du concours biannuel relancé par le Musée d’Horlogerie du Locle, le Château des Monts. Tout est dit. A l’honneur, le régleur, cet oublié de l’anoblissement en trente ans des métiers de l’horlogerie. Un alchimiste qui fait rêver au point que 10 sociétés –dont les marques Journe, Kari Voutilainen, Greubel Forsey, Chopard, MHVJ la Manufacture d’Horlogerie de la Vallée de Joux, Frederique Constant, Technotime, Mido et Tissot– et 4 Ecoles d’Horlogerie, ont déposé leurs complexes trésors bichonnés, révélés officiellement le 20 mai. La compétition est également ouverte aux non-marques, preuve qu’elle remet avant tout sous les feux de la rampe, des êtres épris de précision ultime. La rentrée sera donc placée sous le signe de la chronométrie, avec l’annonce des résultats le 20 octobre 2011, juste après fin septembre, la scientifique journée d’Etudes de la SSC, Société Suisse de Chronométrie, dédiée à la «source d’énergie du régulateur – Défis techniques et industriel», une cause elle aussi profondément chronométrique.
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